Les dessins que nous présentons aujourd’hui sont le résultat d’une exploration des tendances dans le domaine du dessin contemporain sur laquelle ont travaillé les futurs designers graphiques. Chaque planche contient la représentation de deux objets dont la rencontre inattendue ainsi que leur rapport d’échelle les met en résonance avec une certaine forme de surréalisme. L’évocation fragmentaire des objets est assimilée au procédé rhétorique de la métonymie qui désigne la partie par le tout. Ainsi, les étudiants ont établit un seuil de représentation qui évoque les éléments nécessaires et suffisants à la reconnaissance de l’objet en question. Installés dans le vide, ces objets sont également liés par ce même vide qui fixe leur proximité. Pas de contexte concret dans l’évocation des objets, nous sommes nulle part, et ces « objets trouvés » deviennent des objets à la dérive livrés à eux-mêmes et à leur propres traits. Ces objets en dérive dans l’étendue du papier deviennent alors des signes : en tant qu’artefacts ou objets naturels, ils sont la trace de l’homme et de son rapport au monde. Pour ce qui est du traitement des images il s’agit d’un dessin extrêmement soigné évoquant des objets qui ne possèdent aucun statut ni valeur noble, et qui du coup le deviennent par le traitement du dessin. Ceci est ce que le philosophe américain Arthur Danto appelle « la transfiguration du banal » dans son ouvrage du même nom (Editions du Seuil, 1989). Ces dessins portent un regard esthétisant sur des objets qui n’ont aucune vocation esthétique, en les sortant de leur contexte « ordinaire » pour les rendre « extraordinaires ».