Photographier l’architecture avec le regard d’un graphiste

Les photographies que nous présentons aujourd’hui sont le résultat de l’exploration d’un objet architectural dans lequel ses possibilités plastiques sont mises en avant. Ici, le regard du photographe cherche à transformer les qualités essentielles de l’objet ; les profondeurs du volume des bâtiments sont totalement effacées dans ces énoncés visuels qui convoquent quelques façades du milieu urbain lyonnais en tant que motifs graphiques à part entière. A l’opposé de la façade anecdotique et pittoresque qui se délecte de ses propres attributs, nous sommes confrontés à des véritables tableaux abstraits où la façade perd son nom pour gagner un statut bien plus large. Dépourvues visuellement de tout ancrage spatio-temporel, et même submergées dans un espace volontairement sombre, ces façades à peine reconnaissables devenues des motifs graphiques abstraits, ne renoncent pas pour autant à manifester leur appartenance à un lieu et à un temps. Le photographe évoque, cette fois-ci par la substance textuelle, les cordonnées spatio-temporelles des prises de vue, signalées à la seconde près. Ces arrêts sur image deviennent alors le résultat d’une tension entre deux attitudes opposées : d’un côté, faire abstraction de l’objet architectural en le sortant de son contexte de vie, et d’autre côté, attester leur contexte d’appartenance à travers des données extrêmement précises. Un hommage quelque peu pessimiste à la ville, un clin d ‘oeil aux films où la ville est presque l’acteur principal, un hommage qui porte joyeusement un regard esthétisant sur notre platitude urbaine quotidienne.