Il était une fois un pissenlit en bronze qui poussait dans un coin du musée

On avait déjà presque fait le tour de l’expo et tout d’un coup on s’aperçoit qu’il y avait des objets imperceptibles, des mauvaises herbes qui poussaient dans les recoins de la salle d’exposition, on ne sait pas trop comment saisir l’objet : une blague « poisson d’avril » ou de l’art outrancièrement contemporain? Peu importe, l’œuvre de Tony Matelli intitulée « Abandon weed » (2008-2009) résume avec pertinence les enjeux principaux de cet exercice de mise en question de l’oeuvre d’art et de son dispositif d’exhibition muséographique.

Une sculpture en bronze réalisée avec un souci de réalisme épatant qui prend la forme et la place d’une mauvaise herbe : l’être et le paraître fusionnés dans le but de rendre totalement floues les frontières entre l’œuvre d’art et l’objet du quotidien que l’on ne voit plus. Mise en question radicale du musée même comme institution qui légitime l’objet dans son statut d’œuvre d’art. On glissait dangereusement dans le n’importe quoi mais qui reste à confronter pas avec n’importe qui, comme disait Pierre Desproges.

La consigne

Les étudiants de 2ème année ont fait pour l’occasion un exercice de présentation orale d’une œuvre que le professeur d’histoire de l’art leur avait attribuée en amont à la visite. La prise de parole n’a pas toujours été facile car, pour la plupart, il s’agit d’artistes qui ne sont pas tellement faciles à aborder et qui ne sont pas non plus l’objet d’étude des spécialistes. Face à ce vide d’information certains ont réussi à placer l’œuvre dans son contexte — l’irruption du banal et de la désinvolture à l’intérieur du monde des beaux-arts — pour en ressortir la pertinence de la pièce dans l’ensemble de l’exposition. C’était également l’occasion de se prendre au premier degré et de se permettre de dire et faire n’importe quoi sur l’objet esthétique et sur certaines démarches artistiques de la création contemporaine.