L’expérience de la confrontation des étudiants avec l’art contemporain peut donner des résultats très inattendus et très différents mais toujours très riches en apprentissage. La volonté de se prêter à l’expérience esthétique par la voie de la découverte installe chez les jeunes spectateurs une approche sensible qui séduit souvent par la force de la présence des objets esthétiques et par leurs possibilités d’empathie. L’exposition rétrospective « Streep-tease intégral de Ben » qui se tient actuellement au Musée d’Art Contemporain de Lyon représente une volonté d’actualiser une des figures les plus controversées de la scène de la création contemporaine en France. Avec un sens de l’humour troisième degré et une volonté systématiquement iconoclaste, l’œuvre de Ben a la vertu de provoquer des réactions qui évoluent au cours de la visite jusqu’à ce que ces réactions deviennent leur contraires. Ainsi, les étudiants de mise à niveau sont passés de la confusion face à l’absurde des objets exposés jusqu’à la dérision sur les prétentions du statut d’artiste, d’objet artistique et de critique d’art que notre société affiche. Un mot finalement pour aborder la mise en question de l’activité artistique représentée par la démarche de la signature de Ben. Il signe tout, et cet acte devient un geste égocentrique d’appropriation d’un monde où tout est potentiellement objet esthétique. Cette appropriation serait un questionnement du pouvoir de l’artiste, de la portée de son rôle social, ainsi que de la légitimité de son activité de transformation entre le banal et l’œuvre d’art… Après cette mise en question sur l'(in)utilité de l’art, nous sommes rentrés chez nous.