Typafrica, un système typographique issu d’un projet professionnel

Avant de commencer les recherches graphiques sur cette typographie, nous avons essayé, dans la mesure du possible, de contourner tous les à priori et autres idées reçues que l’on a sur l’Afrique, pour ne laisser place qu’à un certain nombre de valeurs que nous avons désignées comme représentatives de ce continent. Notre parti pris a été donc de mettre en avance des valeurs telles que la culture visuelle, la simplicité, l’artisanat, la religion, le paysage. Lors de manifestations culturelles de ces valeurs, nous avons constaté qu’il y a des motifs visuels qui étaient susceptibles d’être retranscrits graphiquement dans la création d’une personnalité typographique.

Notre projet de départ était de créer une typographie avec un caractère original, unique, et approprié pour le Musée Africain de Lyon. Dans cette logique, nous avons décidé de nous éloigner au maximum de la platitude du rendu informatique d’Illustrator pour focaliser ces caractères sur l’authenticité du dessin ; ceci dans l’idée de renforcer leur dimension artisanale, et par là leur côté chaleureux et humain.

La forme des lettres découle d’une recherche graphique incluant la rondeur des minuscules que favorise la lecture en y ajoutant une certaine fluidité, avec la rigueur des majuscules qui renvoie à une présence institutionnelle et à l’objet de valeur qui traverse les générations. Ces caractéristiques propres de cette typographie se sont révélées suite à un mélange entre le A minuscule et le A majuscule. Le résultat constaté est devenu une règle de construction de cette typographie, à savoir l’omission systématique des angles droits et obtus dans la construction de chaque lettre.

Ensuite, le résultat des nos recherches graphiques nous a amené à décider d’installer une deuxième règle de construction qui consiste à composer chaque caractère avec des fûts d’épaisseurs différentes dans son anatomie. Cet aspect composite apporte un dynamisme qui est repérable à la fois sur chaque caractère ainsi que sur le mot lors du mouvement oculaire que la lecture sollicite.

Une troisième règle dans la composition des caractères fut d’installer une coupure mais de façon à ne pas nuire à la reconnaissance de la lettre dans sa forme archétypale. Cet élément qui fontionne comme une marque graphique vient d’un côté alléger le visuel de la lettre, et d’autre côté lui donner une originalité tout en restant dans la cohérence graphique de l’univers évoqué. Lorsque la même lettre se retrouve répétée sur un même mot, cette coupure est placé sur des endroits différents, pour accentuer la diversité et la mobilité de la composition des caractères.

Cette marque graphique, qui opère une sorte d’ellipse lors du parcours visuel du support textuel, représente également un attribut de valeur purement esthétique de cette typographie. Finalement, c’est cette dimension esthétique l’élément qui va rappeler la nature du lieu pour lequel ce système typographique a été crée: un musée est un lieu d’accumulation et d’exhibition d’objets de valeur esthétique.