Portrait fragmenté d’un quartier

Ceci est le portrait d’un quartier lyonnais, il est composé de fragments, ces fragments composent à leur tour de séquences qui combinent deux langages : la photographie et le dessin. Ce sont des énoncés visuels qui parlent d’un point de vue, celui du portraitiste qui dresse le profil d’un lieu, d’une ambiance. On ne connaît pas le visage humain de ce quartier, le portraitiste nous propose seulement le reflet et l’ombre de ses habitants en mouvement constant; les silhouettes qui traversent ce lieu sont captées par l’enregistrement mécanique de la photographie et apportent à l’ensemble une touche presque fantomatique. Comme dans un paysage de Thibault Cuisset, la présence des acteurs humains n’est jamais explicitée, elle est suggérée, convoquée par leurs traces et leurs détails. En revanche, la tonalité de ce portrait est fondamentalement axée sur la matière à travers sa plasticité, ses couleurs et ses textures. Les éléments architecturaux de ce quartier sont également évoqués par leurs possibilités plastiques et graphiques, et non pas par le caractère et l’aspect de ses bâtiments, on réalise alors qu’il s’agit presque d’un portrait robot, composé par une polyphonie de voix, interrompues à peine manifestées, qui parlent d’une délectation pour le détail et d’un goût très prononcé pour le discours abstrait.